La Société Tunisienne d’Assurances et de Réassurances (STAR) a publié ses résultats trimestriels au 30 septembre 2024, dévoilant des chiffres en apparence encourageants, mais qui cachent des vulnérabilités inquiétantes à court, moyen et long terme. Si la société affiche une augmentation de ses primes émises, les indicateurs clés révèlent des risques considérables, que ce soit en termes de sinistres, de rentabilité ou de gestion des réserves.
À court terme : Une pression croissante sur les indemnisations et les primes cédées
Au terme du troisième trimestre 2024, la STAR enregistre une évolution des primes émises de +8,8% par rapport à la même période de 2023, atteignant 329,799 millions de dinars(MD) contre 303,132 MD en 2023. Une progression qui pourrait paraître satisfaisante, mais qui masque des difficultés croissantes sur le terrain des indemnisations et des primes cédées.
Les indemnisations servies totalisent 204,913 MD, en hausse de 5%, soit 9,9 MD supplémentaires par rapport à 2023. Cette augmentation est principalement due à la branche santé, en raison du développement des nouvelles souscriptions et de la revalorisation des assiettes de cotisation. Cependant, la branche automobile, bien qu’en légère baisse de 1%, reste un point de tension à court terme, avec 34 504 sinistres déclarés d’ici fin septembre 2024, un chiffre qui pourrait se traduire par des pressions accrues sur la trésorerie.
Les primes cédées ont également augmenté de 18,4%, une hausse qui pose la question de la dépendance croissante de la STAR vis-à-vis de la réassurance pour couvrir ses risques.
À moyen terme : Une rentabilité financière sous tension
La STAR fait face à une baisse des produits financiers bruts, qui passent de 82,338 MD à 78,037 MD d’une année sur l’autre, soit une baisse de 5,2%. Cette diminution est partiellement due à l’absence de plus-values exceptionnelles similaires à celles enregistrées en juin 2023 (une plus-value de 4,6 MD), mais elle reflète aussi une fragilité dans la gestion des placements financiers de la compagnie.
La rentabilité à moyen terme est donc compromise par la nécessité de combler cette perte de revenus financiers par une croissance opérationnelle. Or, bien que les branches Vie et Non Vie connaissent des hausses respectives de 29% et 14,7%, le rythme de cette croissance pourrait ne pas suffire à compenser l’augmentation des charges et des sinistres.
À long terme : Des réserves insuffisantes face à des risques majeurs
L’un des défis majeurs de la STAR à long terme concerne sa capacité à absorber des chocs de grande ampleur. Les réserves de sinistres actuelles, bien qu’en légère hausse, pourraient se révéler insuffisantes face à l’augmentation des sinistres déclarés. Le nombre total de sinistres en Non Vie a bondi à 471 630 au 30 septembre 2024, un chiffre colossal qui nécessite des provisions robustes pour éviter tout risque de liquidité.
De plus, les perspectives économiques incertaines, combinées à une augmentation prévisible des risques climatiques et à une concurrence accrue sur le marché tunisien, posent la question de la capacité de la STAR à maintenir sa position à long terme sans révision drastique de ses politiques de couverture des risques.
Conclusion : L’urgence d’un rééquilibrage stratégique
Les résultats financiers trimestriels de la STAR dévoilent une situation en demi-teinte. Bien que les primes émises soient en hausse, la croissance des sinistres et la baisse des revenus financiers mettent en lumière des faiblesses structurelles qui pourraient devenir critiques si elles ne sont pas rapidement adressées.
À court terme, il est urgent de limiter la hausse des indemnisations, tandis qu’à moyen terme, il devient impératif de renforcer les produits financiers et d’améliorer la gestion des risques. À long terme, seule une politique proactive et rigoureuse de renforcement des réserves et d’investissement pourra assurer la pérennité de la STAR face aux défis à venir.