Trump relance la guerre commerciale : quelles conséquences pour la Tunisie ?

, avril 2025 — Moins de trois mois après sa prise de fonction pour un second mandat à la Maison-Blanche, le président Donald Trump frappe fort. Le 2 avril, il a annoncé une série de mesures protectionnistes spectaculaires, parmi lesquelles l’instauration de tarifs douaniers allant jusqu’à 60 % sur les importations en provenance de plusieurs pays. La Tunisie figure sur cette liste noire, avec un tarif de 28 % appliqué à ses exportations vers les États-Unis.
Cette nouvelle politique commerciale s’inscrit dans la doctrine du “réciproque” défendue par Trump, selon laquelle les États-Unis ne doivent plus tolérer des déséquilibres commerciaux jugés injustes. Mais si l’ambition affichée est de relancer l’industrie américaine, ces mesures risquent de provoquer des ondes de choc bien au-delà des frontières américaines, notamment en Tunisie.
Un coup dur pour le textile et l’agroalimentaire tunisien
La Tunisie entretient depuis des années des relations commerciales modérées mais croissantes avec les États-Unis. Les secteurs les plus concernés par ces nouveaux tarifs sont le textile, l’habillement et l’agroalimentaire. En 2024, les exportations tunisiennes vers les USA ont atteint près de 750 millions de dinars, avec une forte progression sur les produits du terroir et les textiles techniques.
“C’est une onde de choc pour nos usines. Nous avons signé plusieurs contrats avec des groupes américains ces deux dernières années. Avec une taxe de 28 %, nos produits deviennent tout simplement trop chers pour le marché américain,” alerte Sami Ben Salah, directeur d’une unité textile à Monastir.
Le secteur de l’huile d’olive, autre fierté tunisienne, pourrait également souffrir. La Tunisie est le deuxième exportateur mondial de ce produit. Or, les États-Unis représentent un marché en expansion, friand de produits naturels. “Nos clients américains nous demandent déjà si nous pourrons absorber la taxe. Pour l’instant, la réponse est non,” confie une exportatrice du Kef.
Un signal négatif pour les investisseurs
Au-delà de l’impact direct sur les exportations, cette annonce envoie un signal désastreux aux investisseurs. Plusieurs fonds américains avaient manifesté leur intérêt pour des projets dans les TIC, l’offshoring ou encore l’industrie automobile. L’incertitude créée par ces politiques protectionnistes pourrait les pousser à se tourner vers des destinations plus stables.
“Les investisseurs détestent l’instabilité. Et même si la Tunisie n’est pas le principal fournisseur des États-Unis, cette mesure crée un climat de méfiance qui peut avoir des conséquences à long terme,” prévient un analyste de la FIPA (Foreign Investment Promotion Agency).
Le gouvernement tunisien en alerte
Face à cette situation, les autorités tunisiennes n’ont pas tardé à réagir. Le ministère du Commerce a annoncé l’ouverture de discussions avec l’ambassade américaine à Tunis afin de demander des explications et plaider pour une révision de la mesure. Parallèlement, une cellule de crise interministérielle a été mise en place pour évaluer l’impact sectoriel et proposer des mesures d’atténuation.
Quelles alternatives pour la Tunisie ?
Plusieurs pistes sont à l’étude. Parmi elles, l’accélération de la diversification des marchés d’exportation, notamment vers l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud-Est. La Tunisie pourrait aussi renforcer sa présence sur les marchés européens, tout en misant sur des produits à forte valeur ajoutée pour compenser le handicap tarifaire.
Le gouvernement envisage également des aides fiscales et logistiques pour les entreprises touchées, et des subventions à l’innovation pour encourager la montée en gamme.
Un test de résilience pour l’économie tunisienne
Si les mesures de Donald Trump répondent à une logique électorale interne, elles mettent à nu la vulnérabilité d’économies comme celle de la Tunisie, encore trop dépendantes des grands équilibres mondiaux. Le choc est réel, mais il pourrait aussi être l’occasion d’une transformation structurelle.
Dans les prochaines semaines, c’est la réactivité, la diplomatie et la capacité à innover qui feront la différence.

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