• 23 avril 2025

Démographie : les tunisiens de moins en moins féconds…quel impact ?

La Tunisie se prépare ses jours ci, non seulement pour les élections présidentielles, mais aussi pour le démarrage du recensement général réalisé par l’INS. Une opération statistique réalisée chaque 10 ans, afin d’avoir les indicateurs et les chiffres qui vont guider les politiques publiques. Malgré son importance, les chiffres issus de ces opérations ne sont pas exploités d’une manière rationnelle, et on retrouve parfois des politiques publiques à l’opposé des chiffres. Au niveau de la démographie, les chiffres confirment qu’il y a un réel vieillissement de la population, et que la société tunisienne est en train de migrer vers le modèle européen. De l’autre côté, les tunisiens sont de moins en moins féconds ce qui ne permettrait pas la régénération, c’est-à-dire le renouvellement de la population.  Ces chiffres officiels, sont des signaux qui alertent sur des problèmes futurs qui ont un grand impact sur le plan économique et sociétal, et qui confirment des tendances graves. Des solutions sont à prévoir…
1.7 Enfants par femme féconde :
Selon des chiffres officiels, l’Indice Synthétique de fécondité a atteint son niveau le plus bas en Tunisie. Pour rappel, selon l’INS, l’indice synthétique de fécondité indique le nombre moyen d’enfants auxquels une femme aura accouché durant sa vie féconde. Le taux de fécondité est exprimé par femme de 15 à 49 ans.
En 2022, cet indice a atteint 1.7 contre 1.82 en 2021. Cet indice a connu des variations importantes au cours des dix dernières années. Après avoir été dans une moyenne de 2.1 enfants durant la période 1980-2000, il est monté au niveau de 2.42 en 2014 d’après le recensement général de 2014. Les tunisiens sont devenus de plus en plus féconds après la révolution de 2011. Durant les 5 dernières années l’indice synthétique de fécondité a connu une baisse continue passant de 2.1 en 2018 à 1.7 en 2022. Cet indice diffère selon les régions. Il est de 1.6 sur le district de Tunis le niveau le plus bas, de 2.6 au centre-ouest, de 2.2 au centre-est et de 2.4 au sud-est. Une disparité régionale qui traduit les traditions, le niveau d’accès à la contraception, et les difficultés économiques relatives au coût de la vie. En 1966, la Tunisie enregistre un ISF de 7.16. Il n’était pas étrange d’avoir des familles à 11 ou 12 membres. C’était considéré un signe de prospérité et de richesse.
Les chiffres de l’ISF sont confirmés par d’autres chiffres. En effet, les naissances en Tunisie sont passées de 222.000 en 2013 à 147.978 naissances en 2022. Le nombre de mariages est passé de 110.000 en 2013 à 78.500 en 2022. En effet, la crise économique, le chômage et la baisse du pouvoir d’achat n’encouragent pas au mariage. La moyenne d’âge pour le mariage en Tunisie est passée de 19 ans dans les années 70 à 34 ans actuellement.
Avec un ISF de 1.7, les générations ne peuvent pas se renouveler en Tunisie, c’est-à-dire que la pyramide des âges sera renversée avec, moins d’enfants et de jeunes et une concentration de vieux. Le niveau communément connu d’un ISF qui permet le renouvellement des générations est de 2.1.
La moyenne d’âge en Tunisie a atteint récemment le niveau de 77 ans, contre 74 ans en 2014. Un niveau qui traduit certainement une bonne prise en charge de nos vieux sur le plan santé, mais a son impact direct sur l’équilibre des caisses sociales. La croissance démographique en Tunisie est passée de 1.28% en 2012 à 0.76% en 2022.
 La nécessité de prendre les mesures nécessaires :
Sur le plan démographique, le modèle tunisien est en train de migrer vers le modèle européen caractérisée par un vieillissement de la population et un manque dans la main d’œuvre jeune. La politique migratoire des pays européens est guidée par ce constat et les déficits publics dans les économies européennes sont principalement causés par le déficit du système de sécurité sociale. Mais les pays européens ont pris les mesures nécessaires qui convergent avec le constat démographique, mais ce n’est pas le cas chez nous.
Avec le niveau atteint de l’ISF, il est temps de se poser des questions sur la continuité de la politique de planification familiale initiée par Bourguiba dans les années 60.
Alors que la Tunisie se prépare à l’élaboration de son plan de développement, il est important que les décideurs prennent au sérieux ces indicateurs démographiques. Les politiques publiques doivent être guidées d’une manière rationnelle et selon les chiffres. Avec le vieillissement de la population, les déficits des caisses sociales va encore s’aggraver, et il faudra créer de nouveaux outils pour garantir la retraite des tunisiens. Le chef du gouvernement Kamel Maddouri, est un fin connaisseur de ces dossiers.
La Tunisie pourra être confrontée au phénomène de fermeture de plusieurs écoles dans les régions pour manque d’élève. Un autre phénomène auquel il faut se préparer.
On remarque depuis quelques années la montée en puissance de la main d’œuvre subsaharienne dans plusieurs commerces et activités en Tunisie. Un phénomène certes qui est en relation avec les flux migratoires, mais aussi traduit un phénomène démographique avec la baisse du nombre des jeunes en âge de travailler.
Selon certains démographes, l’impact de certains constats démographiques peut être fatal sur le plan économique après 10 ans. L’alerte est lancée…à bon entendeur.
Abou farah
 

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